Le terme “économie solidaire” vous dit-il quelque chose ? Il peut être défini comme une économie au service d’un projet de société basée sur des valeurs de solidarité, de partage et de réciprocité. Grâce à des startups, de nombreuses initiatives émergent et cherchent à résoudre des problématiques, souvent de type sociales ou environnementales. Un mouvement se crée en France : comment se matérialise-t-il et quels impacts sur la société peut-il avoir ?
Le web est un relai idéal pour faire connaître des structures dont les moyens sont souvent limités. Depuis quelques années, un écosystème fondé pour développer une économie davantage “sociale” et collaborative se forme. En France, on commence à voir apparaître des entreprises qui mettent l’aspect solidaire au centre de leurs préoccupations.
L’apparition de la générosité embarquée
On entend beaucoup parler d’économie collaborative, popularisée par le covoiturage ou le couchsurfing (proposer tout ou partie de son logement à des voyageurs). Les revenus liés à l’ensemble des activités dites de partage ont atteint 3,5 milliards de dollars en 2012. A l’image de ces initiatives, de nouveaux projets ont fait leur apparition et fonctionnent sous un angle légèrement différent, axés sur des aspects privilégiant le social et le solidaire.
Nous sommes allés écouter Pierre-Emmanuel Grange lors de la dernière conférence TedxParis : à l’occasion d’un séjour professionnel au Mexique, ce français a fait l’expérience en supermarché de ce qu’on appelle “l’arrondi en caisse”. Si vous avez à payer 9.80€, vous pouvez décider de donner les 20 cts qui vous séparent de l’euro supérieur à une association caritative (en partenariat avec le supermarché).
Depuis, de retour en France, il a créé MicroDon, une startup à vocation sociale et solidaire proposant un système de don en supermarché (via le ticket de caisse) ou sur les bulletins de paie. Un portail web connecté aux systèmes de gestion de paie permet à l’utilisateur de choisir son association bénéficiaire. Avec les différents partenariats signés, plus de 20 000 personnes ont déjà cette opportunité. Une initiative qui se fait la voix de nombreuses associations couvrant des problématiques liées à l’enfance, l’éducation, l’environnement ou encore la santé.
Voilà un véritable exemple d’entrepreneuriat social alliant économie et solidarité. On observe que de nombreux autres projets viennent “combler” l’écart laissé entre d’un côté l’économie privée / marchande et de l’autre l’économie publique (dite redistributive). Un véritable mouvement s’est créé, baptisé la “générosité embarquée”, qui rassemble les projets liés à l’économie solidaire. Ces pratiques ne sont pas encore monnaie courante en France et pourtant, les arguments ne manquent pas.
Pourquoi encourager les démarches ?
A titre de comparaison, cela fonctionne à l’étranger et sur des marchés proches de la France. En Angleterre, un fonds d’investissement appelé “Innovation in Giving” a vu le jour en 2011 pour venir en aide aux startups locales ayant un projet sociétal ou environnemental, détenant un levier sur des mécaniques bénévoles et volontaires. Ce genre de fond n’est pas encore connu en France mais cela montre la considération à l’égard des personnes qui ont un projet de ce type et qui s’investissent pour faire bouger les choses !
Des “micros” efforts, mis bout à bout, peuvent générer un impact non négligeable. Au delà de l’aspect financier, deux approches sont intéressantes :
- l’intégration de la logique du don dans nos habitudes de consommation. Il faudrait pour cela que les enseignes françaises de la grande distribution alimentaire permettent aux clients de faire simplement un don en caisse. En Allemagne, 15 grandes enseignes ont déjà accepté un projet de type de celui de Mr Grange, soit 12 000 points de vente à travers le pays !
- l’intégration de la logique du don là où l’on passe le plus de temps pendant la journée : le lieu de travail. Les entreprises ont un rôle à jouer dans la sensibilisation et la mobilisation de leurs employés. En approchant le don d’une manière ludique et pas simplement en demandant une simple contribution financière, elles ont plus de chances de faire adhérer les salariés.
Giving Corner, une startup française, a développé une plateforme web collaborative destinée aux entreprises désirant proposer à leurs employés ou à leurs clients de valoriser certaines actions quotidiennes par la réalisation de projets solidaires, comme ci dessous :
Chaque action réalisée rapporte des points et permet de choisir un projet d’association à financer dont l’entreprise se chargera in fine. Marine, membre Giving Corner témoigne : “Pouvoir offrir un repas à une personne sans domicile à Paris lorsque j’économise 20 impressions, ça me motive vraiment. Et puis, j’ai enfin l’impression de faire quelque-chose de concret pour aider les autres.” Nous vous invitons à vous rendre sur la page de Giving Corner pour vous informer sur ce qui peut-être mis en place dans votre entreprise.
Sur les 5,5 milliards d’euros collectés en 2012 par les associations et les ONG en France, seuls 3% proviennent d’Internet. On sait aussi que sur les 40 millions d’internautes en 2012, 30 millions déclarent avoir déjà acheté en ligne (étude Fevad 2012). Fort de ces deux données, le site ZeGive, plateforme de générosité, a imaginé un bouton de don pour les sites de e-commerce. Une fois son profil créé sur ZeGive, l’utilisateur peut déterminer à quelle association il désire donner. Ce bouton vient s’intégrer à l’étape finale de la commande, sans perturber l’acte d’achat, et propose au client d’arrondir le prix de sa commande avec quelques centimes en plus. L’intégration du bouton est gagnant-gagnant, pour l’utilisateur qui peut faire le don en quelques clics et pour le site qui améliore son image et peut potentiellement attirer plus de clients, sensibles à ce geste.
Si ce genre de démarches, de la part des entreprises, des employés et des institutions se multiplient, on pourrait voir apparaître prochainement un système économique qui intègre une part de solidarité. Des micro efforts qui auraient un macro impact, serait-ce trop beau pour être vrai ?